Boeuf contaminé: qu’en retire-t-on?

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Avec le rappel sans précédent de viande de bœuf qu’on a connu ces dernières semaines au Canada, beaucoup de questions circulent sur notre système alimentaire. Où sont les problèmes ? Quelles sont les solutions ? Problèmes et solutions se retrouvent probablement à plusieurs endroits…

Traçabilité

Dès l’éclosion de la crise, on a questionné le système de traçabilité en place au pays. Et pour cause, il n’existe pas de processus uniforme de suivi des bovins au Canada. Le Québec est la seule province où l’on enregistre obligatoirement des informations sur les vaches, de leur naissance à leur mort. Mais bien qu’on puisse connaître précisément le parcours suivi par un animal à tout moment de sa vie, on risque de perdre sa trace à la sortie de l’abattoir. Quel chemin prend telle pièce ou telle découpe ? C’est moins évident à savoir.

En Alberta, on suit la trace des animaux sur une base volontaire. Ce qui explique que lorsque XL Foods inc., le plus gros abattoir du pays, distribue ses tonnes de viande aux autres provinces, ça donne lieu à un rappel à très large spectre ! Une traçabilité de la ferme à l’assiette permettrait de réagir plus rapidement et de mieux cibler les rappels. Bref, oui, il y a place à améliorations de ce côté.

Irradiation

Irradiation. Un mot qui suscite à lui seul des inquiétudes. Pourtant, de nombreux chercheurs voient en l’irradiation un moyen sûr de prévenir des toxi-infections d’origine alimentaire. Ce traitement, qui consiste à exposer les aliments aux rayons gamma du cobalt 60, permet en effet de tuer les bactéries comme E.coli ou salmonelles susceptibles de s’y trouver. Actuellement, Santé Canada permet l’irradiation des farines, des pommes de terre, des épices et des oignons. Le ministère a bien pensé élargir la palette des aliments permis, mais il a reculé devant des consommateurs craintifs. Non, les aliments ne deviennent pas radioactifs, mais la croyance est tenace ! Peut-être que la menace bien concrète des bactéries nous incitera-t-elle à revoir notre position ?  Ça n’engage à rien de rouvrir la discussion…

Inspection

Puisqu’il faut toujours trouver un coupable, certains pointent l’Agence canadienne d’inspection des aliments du doigt. « Ça prend plus d’inspecteurs ! », scandent-ils.

Pour ma part, je ne suis pas prête à condamner le système d’inspection. Faut-il se faire surveiller pour bien faire son travail ? Un abattoir a-t-il besoin d’une police en sarrau, calepin en main, pour respecter des mesures de base d’hygiène et de salubrité ? Il n’est pas normal que le plus gros abattoir du Canada présente des lacunes qui frôlent la négligence, selon le syndicat de ses employés. Quand une usine pense à son profit au détriment de la sécurité, c’est elle qu’il faut blâmer en tout premier lieu, non ?

Revoir ses habitudes

Notre confiance à tous est ébranlée quand une pareille crise survient. On a envie de remettre en question notre mode d’alimentation et notre mode d’approvisionnement.

Je dois avouer qu’un instant, je me suis sentie soulagée de manger du bœuf à l’occasion seulement. Et oui, je me suis aussi sentie soulagée d’acheter ma viande d’un petit producteur bio.

Pourtant, quand je rationalise, je sais bien que des bactéries pathogènes, il y en a même dans le fumier de vaches bio. Je sais aussi qu’être végétarien ne nous immunise pas contre les toxi-infections d’origine alimentaire puisque l’histoire nous rappelle des cas de contaminations de certains fruits et légumes. Le risque zéro n’existe pas.

Bref, je constate simplement que la sécurité des aliments est l’affaire de plusieurs facteurs et surtout, de plusieurs acteurs. Ça prend des gens responsables et consciencieux tout au long de la chaîne alimentaire. Et le dernier maillon, c’est nous, les consommateurs. N’oublions pas que de tous les cas de toxi-infections alimentaires – répertoriés ou non – au pays chaque année, bon nombre sont causés par des mauvaises manipulations à la maison…

Et vous, avez-vous changé vos habitudes de consommation ?

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