Les fonctions cognitives et le cerveau

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À l’automne dernier, j’ai eu la chance d’assister à la première édition de BENEFIQ2012, le rendez-vous international sur les ingrédients santé qui rassemblait à la fois des scientifiques et des représentants du monde des affaires. Parmi les sujets d’intérêt, il y a avait les fonctions du cerveau et la cognition. Compte tenu du vieillissement de la population et de l’augmentation de l’espérance de vie, les maladies affectant la santé cognitive et psychologique soulèvent de nombreuses préoccupations pour les services de santé et constituent un domaine de recherche prolifique! De nombreuses recherches tentent de comprendre l’implication de la diète et des autres habitudes de vie dans la prévention et la progression des maladies affectant la cognition. Je tenterai donc dans ce billet de vous résumer les propos de la session qui portait sur les fonctions cognitives et l’alimentation.

Le poisson et ses oméga-3 sont encore à l’honneur !

Beaucoup d’espoir repose sur les effets potentiels des acides gras oméga-3 tant pour la prévention que pour le traitement du déclin cognitif. De manière plus spécifique, les chercheurs s’intéressent à l’acide docosahexaenoïque (ADH). Cet acide gras de type oméga-3 constitue le principal matériau de base des cellules du cerveau. De plus, il est particulièrement abondant dans certaines parties très actives du cerveau. Les oméga-3 réduisent également les réactions inflammatoires, dont certaines sont impliquées dans la maladie d’Alzheimer. Le poisson et les produits de la mer sont les principales sources d’ADH.


L’ADH joue plusieurs rôles importants sur le plan cérébral:

  • Il est essentiel à la croissance et au développement fonctionnel du cerveau des enfants;
  • Il est aussi requis pour le maintien des fonctions cérébrales chez l’adulte;
  • Un apport adéquat en ADH permet d’améliorer les capacités d’apprentissage, alors que des déficits sont associés à des difficultés d’apprentissage.

Chez des modèles animaux d’Alzheimer, un apport accru en oméga-3 ADH a permis d’améliorer des fonctions d’apprentissage et de mémoire, de réduire les dommages neuronaux et d’accroître les comportements explorateurs des animaux (les animaux sont moins craintifs face à la nouveauté). Ces résultats expérimentaux sont assez spectaculaires et laissent planer beaucoup d’espoir pour l’homme.

Oui, mais…

Or, chez l’humain, les choses sont bien différentes voir plus complexes. Certes, d’une part, plusieurs études suggèrent que les cellules du cerveau des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer présenteraient une moins grande concentration d’ADH. D’autre part, les études épidémiologiques suggèrent que les personnes ayant une diète riche en ADH ou en poisson, seraient moins à risque de développer une démence de type Alzheimer. Toutefois, les études cliniques faites jusqu’à maintenant n’ont montré aucun effet bénéfique des oméga-3 sur le déclin des fonctions cognitives tant chez les personnes en santé que chez les personnes déjà atteintes de la maladie d’Alzheimer.

Plusieurs raisons peuvent expliquer cette divergence de résultats. Entre autres, on peut penser que les modèles animaux de la maladie d’Alzheimer ne reflètent pas entièrement la réalité de ce qui se passe dans le cerveau des humains, que les études cliniques faites chez l’humain ne sont pas suffisamment longues pour observer des changements significatifs, que des sous-groupes d’individus répondent de façon différente aux oméga-3, etc.

Éléments nutritifs versus qualité de la diète globale

Il est également probable que les effets protecteurs des oméga-3 ou de l’ADH sur la cognition durant le vieillissement ne soient pas dissociables de l’effet global d’une saine alimentation consommée pendant toute la période de l’âge adulte. Cette hypothèse va dans le même sens que les résultats d’une étude montrant qu’un régime alimentaire riche en fruits, légumes, poissons, noix et légumineuses et faible en viandes, en produits laitiers non-écrémés et en sucres semble être associé à de plus faibles risques de déficits cognitifs ou de souffrir d’Alzheimer.

Ce régime se rapproche beaucoup plus de la diète méditerranéenne que de la diète nord-américaine, pauvre en acide gras omega-3 (d’origine marine), riches en gras saturés et riches en sucres. Par ailleurs, la diète méditerranéenne est souvent citée comme un régime alimentaire à promouvoir pour protéger ou retarder le développement de maladies cognitives ou de la fonction cérébrale (en plus des autres effets bénéfiques sur les maladies chroniques).

Ces résultats nous montrent une fois de plus qu’il ne faut pas de mettre tous nos œufs dans le même panier et éviter de miser sur les effets isolés d’éléments nutritifs. Les éléments nutritifs sont importants et on doit continuer de faire la recherche pour mieux connaître leurs actions mais, dans la vie de tous les jours, c’est sur la qualité totale de notre alimentation qu’il faut agir.

Les poissons riches en oméga-3  doivent être inclus sans aucun doute dans notre alimentation mais il ne faut pas non plus oublier les fruits, les légumes, les légumineuses et les noix tout en délaissant davantage les gras saturés et les sucres ajoutés ! C’est certainement la meilleure façon de mettre toutes les chances de son côté pour prévenir les maladies chroniques.

Est-ce que vos habitudes alimentaires se rapprochent des intéressants principes de base de la diète méditerranéenne ?

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