À la poissonnerie, n’oubliez pas votre test d’ADN!

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La pêche durable est un sujet qui intéresse de plus en plus les consommateurs et on a toutes les raisons de s’y intéresser. On en sait maintenant trop sur les dommages qu’on provoque à l’environnement et aux espèces pour continuer à manger n’importe quel poisson sans d’abord se poser quelques questions.

Si vous avez vécu sous une roche depuis samedi dernier, vous n’avez peut-être pas entendu la polémique entourant les poissons vendus au Québec. Des journalistes du Journal de Montréal ont effectué une enquête et ont acheté des poissons dans des restaurants et des poissonneries afin de valider (avec des tests d’ADN) si les espèces annoncées de poisson étaient réellement les bonnes. Les résultats sont démoralisants : dans 47% des cas, l’espèce vendue n’était pas celle qui était présentée. Ce sont les restaurants de sushis qui obtiennent la moins bonne note. Dans seulement 46% des cas, les journalistes ont reçu l’espèce de poissons qu’ils ont commandé.

La situation a beau être démoralisante, elle n’est pas si surprenante. En effet, l’an dernier, une étude américaine de très grande envergure a effectué le même exercice et a trouvé des résultats similaires. Bref, peu importe où nous vivons, on subit les mêmes fraudes!

Devrait-on s’inquiéter?

Est-ce qu’on devrait avoir peur des substitutions? Oui et non. Jamais je ne voudrais payer pour quelque chose et me faire refiler quelque chose d’autre sans le savoir. De ce côté, c’est inquiétant puisqu’on ne sait pas jusqu’où la fraude peut aller.

Par contre, dans le cas des espèces substituées, il y a peu de craintes à avoir. Les principales substitutions étaient :

Ce que les journalistes ont commandé

Ce qu’ils ont reçu

Thon rouge Thon obèse

Thon Albacore

Sole Plie
Vivaneau Tilapia

On pourrait argumenter que le goût des espèces remplacées est supérieur à celles servies. Je ne m’aventurerai pas là. Par contre, en ce qui concerne les valeurs nutritionnelles ou les contaminants, on a affaire à des poissons très similaires. De ce côté il n’y a pas raison de s’inquiéter.

Toutefois, dans un des cas, le thon a été remplacé par de l’escolier. Cette substitution avait également été observée dans le rapport américain. Le problème est que l’escolier  contient une substance huileuse qui cause chez certaines personnes des désordres gastro-intestinaux importants, comme de la diarrhée, des crampes et des vomissements. Pas très rassurant…

Là où il y a également lieu de s’inquiéter, c’est que puisqu’on ne sait même pas quelle espèce on consomme, il est impossible de connaître les conditions de pêche associées à cette espèce! Difficile de faire des choix environnementaux conséquents.

Qu’est-ce qu’on peut faire?

La question qui tue : alors, maintenant qu’on le sait, qu’est-ce qu’on fait? Je vous propose quelques trucs pour savoir que les poissons vendus sont bel et bien ceux affichés.

1) Achetez les poissons entiers, avec la peau et la tête.

Entre un filet de vivaneau et un filet de tilapia, il peut être difficile de savoir lequel est lequel. (Le tilapia est à droite)

Cependant, les deux poissons sont bien différents. Apprenez à les reconnaître. Google est votre ami ici!

Une fois avoir choisi votre poisson, vous pouvez tout simplement demander au poissonnier de le préparer pour vous!

De même, si vous achetez des anchois ou des sardines en conserve, vous êtes certains de manger le bon poisson puisqu’ils sont entiers.

2) Évitez les appellations floues 

Des appellations comme « poisson blanc » ou « poisson plat » ne donnent aucune information sur l’espèce. Des centaines de poissons peuvent se retrouver sous ces termes. Évitez-les donc si vous voulez manger une espèce en particulier!

3) Fiez-vous aux certifications

La traçabilité des poissons est un principe important de pêche durable. Cela veut dire que l’on doit savoir quelle est l’espèce, où le poisson a été pêché, comment il a été pêché… Il y a des suivis qui sont effectués par les organismes qui émettent ces recommandations. Ainsi, lorsque l’on se fie aux certifications, on s’assure de faire un choix qui aide l’environnement, mais également que l’on achète le bon poisson! Toutes les certifications ne sont pas fiables. Celles que je recommande le plus sont celles de la Marine Stewardship Council (MSC) et Seafood Watch.

4) Posez des questions

J’utilise souvent l’exemple du magasin d’électronique. Avant d’acheter un nouveau téléviseur, vous allez poser des tonnes de questions au vendeur. Quand on achète des aliments, on dirait qu’on est gêné de poser des questions. Pourtant, c’est quelque chose qu’on mange, et qu’on risque de manger plusieurs fois. C’est tellement important de savoir exactement ce que c’est!

Vous me direz que les poissonniers ou les restaurateurs peuvent mentir (ou se tromper) en vous répondant. Effectivement, c’est ce que les journalistes ont observé. Cependant, quand on se met à poser des questions plus spécifiques que : « C’est quel poisson? », on risque d’obtenir des réponses plus intéressantes. Plus les poissonniers et restaurateurs se feront poser des questions par rapport aux techniques et au lieu de pêche ou aux conditions d’élevage, plus ils seront forcés de se renseigner et de faire un suivi serré auprès de leurs fournisseurs! Tout le monde en sortira gagnant.

5) Faites tester l’ADN de vos poissons

Il fallait s’y attendre, après la sortie des résultats américains, des compagnies se sont empressées de développer ce service pour les consommateurs. Pour la modique somme de 149$, vous pouvez faire tester jusqu’à 4 échantillons de poissons… On espère ne pas avoir à se rendre jusque-là!

J’ai l’impression que les résultats dévoilés cette semaine feront pression sur les restaurateurs et poissonniers à offrir les bons poissons. Je crois que le gouvernement aurait également sa part à jouer et devrait effectuer des tests surprise afin de tester les poissons.

Et vous, êtes-vous surpris de ces résultats? À qui appartient la responsabilité dans ces fraudes?

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