Le papier glacé de vos inspirations…

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…ou comment les magazines influencent nos repas festifs

J’aime Noël. Mon sapin est fait depuis deux semaines déjà. La musique de Bing, Nat, Charlie et compagnie anime depuis quelque temps l’appartement. Mais une des choses que je préfère le plus, c’est de planifier les mets que je vais préparer pendant cette période. Chaque année, j’attends toujours avec impatience que ma boîte à lettres et les présentoirs en épicerie se garnissent des numéros de Noël pour mesurer l’ampleur de mes ambitions. Voilà deux ans, c’était la bûche Red Velvet de Coup de pouce. L’an passé, les petits mokas de Ricardo. Cette année, ce sera un mélange des biscuits de Canadian Living et de Châtelaine.

Pourquoi toute cette mise en bouche? Pour cet article, particulièrement son titre, « Women’s magazines as facilitators of Christmas rituals », paru en novembre dernier dans le journal Qualitative Market Research: An International Journal. Les auteures font l’analyse du contenu de trois magazines populaires au Royaume-Uni et en Australie sur 20 ans. Je me suis dit : « Tiens, pourquoi ne pas faire l’exercice, version allégée, avec quelques-unes des revues sur nos tablettes? ». Petit survol de l’univers où le papier glacé se fait des plus alléchants.

Tradition ou nouveauté?

Le poids des traditions se fait lourd, particulièrement durant les Fêtes. Avec raison, puisque s’il est une période de l’année où la nostalgie des souvenirs d’enfance se fait sentir, c’est bien Noël : le sapin illuminé bondé de cadeaux, les grandes tablées ployant sous l’abondance de nourriture, les cousins, cousines, frères et sœurs réunis autour d’une table spécialement pour eux, les partys de biscuits, etc. Freeman et Bell relèvent aussi l’importance des traditions, soulignée à grands traits dans les magazines étudiés. Les menus traditionnels y occupent une place de choix et ont une mise en page particulière, les valorisant plus que toute autre option non traditionnelle. Chez nous, si les dindes farcies, tourtières, ragoûts de pattes de cochon, gigots et leurs accompagnements typiques sont synonymes de tradition, le dogme ne semble pas aussi strict dans mon échantillon. Les mots « tradition », « nostalgie », « souvenirs », « classique » ont prépondérance. Dans Châtelaine, on en profite aussi pour éduquer le lecteur quant à certaines pratiques culinaires et l’origine de plats comme le ragoût de pattes de cochon. Mais on n’hésite toutefois pas à revisiter les classiques, comme la bûche Forêt-Noire de Coup de pouce ou les minimalistes de Ricardo.

Du soutien pour relever le défi du repas de Noël

« 55 recettes parfaites pour les Fêtes »

« Plats spectaculaires, desserts irrésistibles »
« L’esprit des fêtes en 80 idées »
« Party Guide : stress-free menus, signature cocktails, extraordinary desserts »
« C’est Noël. Tout pour recevoir avec style. »

On le sait, recevoir peut être stressant, encore plus pour une occasion aussi chargée que Noël. Ces mentions qui ornent les couvertures de mon échantillon de magazines se veulent donc des invitations tendues aux consommateurs pour faciliter l’organisation du repas de Noël parfait. Remplis de belles promesses, ces magazines regorgent de trucs et astuces, de listes d’épicerie, des calendriers de préparation, d’accords mets-vins et plus encore. Et ces promesses sont faites, peu importe les compétences des lecteurs ou le temps dont disposent réellement ces derniers. Des auteurs cités dans l’étude australienne indiquent que de nombreuses femmes se tourneraient en fait vers les magazines pour apprendre des techniques spécifiques ou savoir quoi faire et comment s’organiser pour recréer avec succès la magie de Noël. Freeman et Bell constatent que, tel que présenté dans les magazines consultés, la pression est d’autant plus forte que la réussite reposerait principalement sur les épaules des femmes et que cette réussite se mesure par la capacité des femmes à faire du repas un moment plus magique et plus grandiose que ceux des années passées. Tout un contrat, peu importe son niveau de compétences. Et c’est pourquoi entre autres on voit apparaître des recettes de chefs de renom dans les magazines. Dans sa section « Un chef s’il vous plaît !», Coup de pouce présente une entrée de Jean-Luc Boulay. Dans Châtelaine, c’est un menu 5 services du réputé Daniel Boulud qu’on propose. De quoi relever les attentes!

Le secret? Le plaisir!

Enfin, peu importe son niveau de compétences et peu importe qu’on planifie un festin des plus somptueux, un party de biscuits ou la confection de gourmandises pour un marché de Noël (Julie vous en parlera la semaine prochaine), l’important, c’est d’y prendre plaisir, d’en profiter pour le faire avec et pour les gens qu’on aime et de laisser de côté la recherche de la perfection.

Je n’ai parlé que des magazines qui sont certes d’excellentes sources d’inspiration. Mais il y a évidemment aussi les livres, nouveautés en librairie ou classiques de la bibliothèque gourmande familiale, les sites Web revêtant leurs plus beaux atours pour Noël et sans oublier les recettes inédites, telles les traditions familiales dont le secret se transmet de génération en génération. Et vous, où trouvez-vous votre inspiration pour cuisiner « Noël » pour vos proches? Suivez-vous à la lettre la tradition ou vous permettez-vous des digressions?

Références

  1. Canadian Living. Décembre 2013
  2. Châtelaine. Décembre 2013
  3. Coupe de pouce. Décembre 2013
  4. Freeman, L. et S. Bell. Women’s magazines as facilitators of Christmas rituals. Qualitative Market Research: An International Journal 2013;16(3): 336-354.
  5. Ricardo. Vol. 12, No 1

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