Mini-miss, maxi dégâts

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Je l’admets, je suis un bon public. Pour rire, pour pleurer ou pour angoisser devant une émission, un film ou un livre, je ne donne pas ma place. Mais rarement un segment d’à peine 14 minutes 49 secondes d’une émission m’aura valu autant de « Oh my God! », de « aie ! » et de « nooon ! ». Je parle de l’émission américaine Toddlers & Tiaras sur les concours de beauté pour fillettes. J’ai choisi cet épisode au hasard. Visionnez-le pour comprendre.

La nutritionniste, la maman et la femme en moi sont sidérées, attristées et découragées. Les mini-miss ont aussi peu que 2 ou 3 ans et on les habitue et encourage aux produits autobronzants, faux cils, pédicures, manucures, maquillage, spray net, bijoux, déhanchements… AU SECOURS !

Certaines mamans interviewées affirment qu’en participant à de tels concours, leur fille gagne de l’assurance et développe son caractère. Souhaiter que sa fille gagne de l’assurance en se pavanant devant un public et des juges, en faisant valoir son look et son petit minois bronzé et poudré duquel on a pris soin de cacher les taches de rousseur? Qu’est-ce que je n’ai pas compris ? Et développer son caractère ? J’ai vu plus d’attitude que de caractère !

Je ne suis pas spécialiste des concours de beauté pour fillettes, mais il semble que les participantes se divisent en au moins deux catégories : les « glitz » et les « naturals ». Traduction libre : les clinquantes et les naturelles. J’ai d’abord vu le clinquant, à n’en pas douter. J’ai donc recherché des vidéos et des images de « naturelles » sur le Web. Il n’y a pas de faux cils, maquillage et accessoires, mais de là à qualifier ça de naturel, il y a une marge. On y promeut toujours l’apparence, des clichés de beauté, les tatas en faisant son plus beau sourire, bref, le « fais la belle, c’est ce qui compte ».

Accorder autant d’importance à l’apparence et à l’image corporelle est inquiétant car cela ouvre la porte à une préoccupation excessive. Qui dit préoccupation excessive à l’égard de l’image corporelle dit souvent relation trouble avec l’alimentation. En voyant l’énergie, le temps, l’argent et surtout la pression que certains parents mettent sur la binette de leur fillette, on ne peut que croire que le poids sera un enjeu dans quelques années. Bonjour désordres alimentaires !

La santé mentale n’est pas la seule en jeu. La santé physique aussi risque de pâtir de ces concours extrêmes. Un article a d’ailleurs été publié en novembre 2012 dans le Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry. L’auteure, Martina M. Cartwright, nutritionniste et professeure adjointe à l’Université de l’Arizona, y rapporte notamment le cas de plusieurs parents qui ignoraient les besoins de repos de leur petite reine de beauté. Il ne faut pas risquer de la décoiffer avec une sieste! Donc pour lui assurer une bonne dose d’énergie devant le jury, on lui donne des boissons énergisantes à boire et des pailles de sucre (friandises Pixy Stix) à manger. De la caféine et du sucre à profusion, quoi !

Alors quand j’apprends que des concours de mini-miss verront peut-être le jour au Québec, je suis inquiète. Dans une entrevue accordée au Journal de Montréal, la directrice de Miss All Canadian Pageants Joanne Margaret jure que les concours de beauté qu’elle souhaite organiser chez nous sont « différents ». Maquillage, vernis à ongles et belle robe ne sont pas nécessaires, semble-t-il. Mais tout de même, on valorise exagérément l’apparence, et les comportements excessifs ou risqués qui peuvent en découler sont bien présents. D’un côté, on fait de la sensibilisation (et des progrès) dans la valorisation de modèles diversifiés et d’un autre, on accepterait un diktat de la beauté de plus ? Dites-moi que je rêve.

Si vous partagez cet avis, allez signer la pétition « Mini-miss au Québec : non merci »

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